Le vendredi 12 avril 2013, les élèves de 5B et 5D ont rencontré l’auteur de littérature jeunesse Vincent Cuvellier dans les Halles de Beaufort-en-Vallée à l’occasion du festival de littérature « Les Mots à la bouche » organisé par l’association Aé.
Le rencontre s’est déroulée dans une ambiance détendue. Les élèvesont été séduits par l’humour de l’auteur et son esprit joueur.
L’un des jeux proposé fut le suivant : »Je vous propose différents titres de livres que je suis en train d’écrire. A vous d’imaginer de quoi cela peut bien parler ».
Voici un aperçu de l’entretien qui s’est déroulé alors.
Juliette : «Qu’est-ce vous pousse toujours aujourd’hui à écrire?
Vincent C.: -L’argent bien sûr, gagner ma vie. Il y a des auteurs qui n’osent pas dire cela . Si on pose cette question à un boulanger et que celui-ci fait la même réponse, cela ne choque personne. Bien sûr, c’est un métier un peu particulier où nos émotions, notre personnalité jouent un rôle très important. Je peux dans mon travail accentuer mes qualités et mes défauts: avoir mauvais caractère peut être un atout par exemple, ce qui n’est pas le cas dans tous les métiers (rires).
Manon -Vous employez souvent la narration interne dans vos récits (le personnage principal raconte l’histoire.) Vous employez des phrases courtes, précises qui vont droit au cœur. Vous utilisez une écriture orale, nette souvent directe sans détails inutiles et qui sait nous émouvoir.
D’où vous vient cette prédilection pour cette langue «orale»?
Vincent C: Tu parles comme dans un livre, toi (rires). J’aimais le Petit Nicolas (de Goscinny et Sempé) quand j’étais enfant. C’est important pour moi, l’écriture spontanée . Mes phrases ne sont pas toujours correctes et je me fiche de la grammaire. Je suis là pour retranscrire des émotions, des humeurs. Je suis assez direct comme personne. J’aime bien la franchise et les rapports francs.
Floriane -J’ai remarqué que le prénom Benjamin revenait souvent dans vos histoires. Pouvez-nous dire pour quelle raison avoir choisi ce prénom?
Vincent C.: -C’est un prénom que j’ai toujours bien aimé. Si j’étais obligé de changer de prénom, je choisirai Benjamin. Le fait d’avoir toujours le même choix de prénoms pour mes personnages me permet de ne pas trop me creuser la tête. Je choisis Julie ou Charlotte quand il s’agit d’une fille. Léon si le personnage est âgé. Les noms de famille sont souvent les mêmes dans mes histoires, de lieux aussi d’ailleurs. Benjamin c’est un peu moi quand j’étais petit. Je suis aussi un peu le père de Benjamin dans «Mon père Noël» puisque j’ai dû faire pas mal de petits boulots.
Charlène – Avez-vous imaginé faire un autre métier?
Vincent Cuvellier: J’ai fait plein d’autres métiers vu que j’ai arrêté l’école à 16 ans: j’ai été libraire, vendeur sur les marchés. J’ai travaillé pour un journal pendant pas mal de temps.
Lorsque j’étais petit, je voulais être chauffeur routier parce que c’est un métier où on est assez libre et où on voyage ou diplomate (pour les voyages aussi).
Mélie – Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec les éditions du Rouergue?
Vincent Cuvellier: J’ai envoyé mon manuscrit à la maison d’édition Le Rouergue où ils m’ont dit que mon texte les intéressait si j’apportais quelques petites modifications. C’était pour «Kilomètre zéro».
Mélie -Comment vous est venue l’idée d’écrire pour la jeunesse?
Vincent Cuvellier: C’est venu un peu comme cela . C’est un choix de l’éditeur. J’aime autant écrire pour les plus petits que pour les plus âgés comme vous mais écrire pour les adultes ne m’intéresse pas.
Juliette: Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite devenir écrivain?
Vincent Cuvellier: Tout ce que tu vis, les choses positives comme négatives servent à l’écriture. Un livre , c’est ce que tu es et se nourrit de tes propres expériences. La mer m’inspire beaucoup parce j’ai vécu à Brest jusqu’à l’âge de 16 ans.
Anthony -Qu’est-ce qui vous a inspiré pour «La chauffeuse de bus»?
Vincent Cuvellier: Ma sœur!! Mais il ne faut pas le répéter.
Maxime -Est-ce que c’est vous-même qui contacter les illustrateurs de vos livres?
Vincent Cuvellier: J’ai travaillé une fois avec un illustrateur dont je n’aimais pas le travail et je me suis dit «plus jamais ça» donc depuis je connais les illustrateurs avec lesquels je travaille et je les apprécie.
Athénais- Faites-vous lire vos écrits à votre entourage avant de les soumettre à votre éditeur?
Vincent Cuvelllier: Malheureusement non puisque je vis seul mais cela me manque un peu d’ailleurs de ne pas avoir ce type de conseils ou de regard.
Mélie – Le fait d’être écrivain a –t-il des répercussions sur votre vie personnelle, familiale?
Vincent Cuvellier: Pour être écrivain, il faut vraiment savoir être seul et j’ai sacrifié une partie de ma vie personnelle et familiale à mon métier.
Athénaïs 15-Avez-vous l’angoisse de la page blanche?
Thomas 16-Faites-vous aider dans ces moments-là?
Vincent Cuvellier: Non, je n’ai pas vraiment l’angoisse de la page blanche. J’ai connu une panne d’inspiration mais des copains illustrateurs m’ont aidé à la surmonter. Leurs dessins m’ont redonné l’inspiration pour continuer à écrire.
Aubin-Quand écrivez-vous?
Vincent Cuvellier: J’écris quand j’ai des idées. Mes livres sont bien quand je me force peu. J’ai besoin d’écrire sans réfléchir, de manière spontanée.
Lucas: «Etiez-vous bon en rédaction?
Vincent Cuvellier: -J’étais mauvais à l’école mais bon en rédaction tout de même!
Thomas -Vous arrive-t-il d’écrire plusieurs histoires en même temps?
Vincent Cuvellier: «Oui, en ce moment j’ai 6 ou 7 textes en chantier en même temps. Lorsque j’allume mon ordinateur, j’en ouvre un presque au hasard et je commence à écrire. C’est presque trop là, du coup. Je m’y perds un peu.
Athénaïs -Avez-vous déjà un titre avant de commencer un récit ou celui-ci arrive-t-il plus tard?
Vincent Cuvellier: ça dépend. Parfois, le titre vient beaucoup lus tard après que l’histoire soit terminée. Comme j’ai travaillé pour un journal, j’ai pris l’habitude de trouver des titres assez facilement.
Manon -Vous est-il arrivé d’abandonner un récit en cours de route et pourquoi?
Vincent cuvellier: Oui, tout le temps. On peut parfois avoir de bonnes idées et commencer à écrire et se dire «cette histoire n’est pas pour moi». Il faudrait qu’elle soit écrite par quelqu’un d’autre. Des livres sont parfois refusés par les éditeurs soit parce qu’effectivement, ils ne sont pas bons, soit parce qu’ils abordent des questions de religion et de politique et que ces sujets sont considérés comme tabous dans le littérature jeunesse.
Or je pense au contraire qu’on peut aborder ces sujets si on ne cherche pas à convaincre les lecteurs.
Propos recueillis par Stéphanie Verger
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