Le vendredi 11 octobre 2013, les classes de 6D et de 5E sont allés au festival de littérature jeunesse Pas[a]ages au Quai à Angers destiné aux 9-13 ans. Ils ont assisté à une représentation théâtrale : « Soeur, je ne sais pas quoi frère » de Philippe Dorin pour les 5ème et Peau d’âne pour les 6ème et ont rencontré l’auteur Nathalie Le Gendre.
Questions 5 E : « Pourquoi avoir choisi le genre de la science-fiction pour imaginer vos histoires ?
Nathalie Le Gendre : -Je déteste la science-fiction. Je trouve cela trop scientifique. Je préfère parler d’ uchronie (absence de chronologie ou d’époque précise) ou de distopie concernant mes histoires. Je vous donne un exemple pour que vous puissiez comprendre : dans une uchronie, on peut évoquer la seconde guerre mondiale mais changer tout le cours des évènements historiques (imaginer que c’est l’Allemagne nazie qui a remporté la victoire sur les Alliés).J’aime situer mes histoires dans l’anticipation ou le futur proche (2050 ou 2100). J’essaie de deviner comment sera notre monde. La science-fiction sert de décor. C’est un outil de dénonciation des problèmes existant dans notre société actuelle. Les romans d’anticipation permettent d’alerter sur les dangers que nous courons tous concernant l’environnement, les dérives des progrès scientifiques.
La science-fiction permet de rendre les choses moins dures car j’aborde des thèmes difficiles dans mes romans : la maltraitance dans « Les larmes de Gaïa », le clonage et la maladie dans « Mosa Wosa », l’homosexualité dans « Automates », l’emprisonnement dans « 49302 ».
Questions 5 E : Pourquoi évoquez-vous souvent la mort dans vos romans ?
Nathalie Le Gendre : –On m’a demandé ce matin si j’avais peur de la mort. Non, je n’ai pas peur de la mort car la mort fait partie de la vie. La mort c’est la vie aussi. Je trouve qu’on a trop souvent tendance à vouloir la gommer, ou l’oublier. On accompagne de moins en moins les morts dans notre société.
Questions 5 E : Comment choisissez –vous les prénoms de vos personnages ?
Nathalie Le Gendre :-J’adore les prénoms originaux. Je note souvent des prénoms dans le carnet que je conserve toujours avec moi. Il faut cependant que le personnage que je crée colle avec le prénom. Je ne trouve d’ailleurs pas forcément les prénoms de mes personnages tout de suite.
Questions 5 E : « Vous inspirez-vous de votre vécu dans vos histoires ?
Nathalie Le Gendre : –Je m’inspire beaucoup de mon vécu. Les émotions que je décris, je les connais. Cela permet aussi au lecteur de s’identifier plus facilement aux personnages.
J’ai écrit un roman autobiographique qui s’intitule « Brune et Jules ».
Questions 5 E : « Avez-vous déjà exercé d’autres métiers que celui d’écrivaine ?
Nathalie Le Gendre : –Oui, j’ai déjà été secrétaire, architecte puis comédienne.
Questions 5 E : « Etes-vous en train d’écrire un nouveau livre en ce moment ?
Nathalie Le Gendre : –J’ai un livre d’environ 600 pages en préparation, un livre de fantaisy. J’hésite encore quant au choix du titre : « Les 3 sangs ou Eternelles ou encore Eternité » : ces deux derniers ont déjà été donnés, je crois. Je ne connais la fin de mes histoires qu’une fois que les ¾ du livre ont déjà été écrits, donc là je connais la fin de mon histoire. J’ai aussi un projet sur les serial killers.
Questions 5 E : « Avez-vous envie d’écrire depuis que vous êtes petite ?
Nathalie Le Gendre : –Je pense en effet que j’ai la vocation d’être écrivain depuis toute petite. J’écrivais des histoires dans mes chaires en primaire. J’avais des histoires dans ma tête. Les manuscrits, j’ai commencé à les écrire pour les enfants à l’âge de 20 ans. J’étais comédienne à ce moment-là puis j’ai arrêté.
Questions 5 E : « Pourquoi vos héros sont-ils le plus souvent des héroïnes ?
Nathalie Le Gendre : –Mes personnages féminins ont souvent un caractère bien trempé, il est vrai comme le mien mais je ne me considère pas pour autant comme une féministe pure et dure. Je voulais être pilote de course de moto comme l’héroïne dans « Automates » et mon père m’a dit : « Non, ça ne va pas. Tu es une fille. » C’était donc une petite vengeance personnelle que d’écrire cette histoire. J’ai débuté mon premier récit(roman) à 16 ou 17 ans. Il s’intitulait « Petite fleur ». A 12 ans, j’écrivais plutôt des contes comme ceux d’Andersen.
J’ai écrit 15 histoires qui ont été publiées mais je suis incapable de dire le nombre de manuscrits que j’ai écrits au total. L’écriture m’a permis de m’évader de mon quotidien, un quotidien très difficile.
Questions 5 E : « Y aura-t-il une suite à Imago ?
Nathalie Le Gendre : –Je n’aime pas écrire de suite. J’ai commencé à écrire Imago avec un autre auteur qui est décédé depuis. Il s’agissait de Pierre Bottero. Non seulement, j’ai fini d’écrire Imago seule mais j’ai aussi imaginé et écrit une suite qui s’appelle « Memento » qui décrit l’avenir de Shanel (personnage d’Imago) qui aborde la question de l’éternelle jeunesse, de la maladie d’Alzheimer et donc la peur de vieillir. Or « Mémento » ne peut pas être publié pour la jeunesse car il aborde des préoccupations d’adulte. Mais je me suis régalée à écrire ce livre.
Questions 5 E : « Que signifie le mot « Imago » ?
Nathalie Le Gendre : -Imago signifie « image » et évoque à la fois un transfert thérapeutique et la transformation de la chenille en papillon. Cela symbolise le passage de l’enfance à l’âge adulte.
Questions 5 E : « Qu’est-ce qui vous inspire pour écrire vos histoires ?
Nathalie Le gendre : –L’être humain m’inspire. La souffrance humaine m’est insupportable.
Questions 5 E : « Comment écrivez-vous ?
Nathalie Le Gendre : –Auparavant, j’utilisais beaucoup de carnets. Aujourd’hui, j’en utilise moins mais je sollicite davantage ma mémoire. J’utilise aussi un dictaphone (ce qui me permet d’écrire moins de notes). Je peux « vomir », c’est-à-dire pour moi écrire tout ce qui me vient à l’esprit partout. En phase d’écriture, il faut que ça sorte, les fautes d’orthographe, on s’en fiche. Puis, je nettoie et je m’occupe de syntaxe. Vous allez me prendre pour une folle mais les personnages me parlent et je leur parle. J’écris au crayon à papier car j’adore barrer. J’écris dans tous les sens, je peux feuilleter. Je déteste le livre numérique car on ne peut pas le feuilleter.
J’aime aussi écrire en écoutant de la musique. Parfois j’écoute la même chanson en boucle pendant 2-3 heures.
Je peux vous montrer un de mes carnets; celui dans lequel j’ai écrit « Ecoute battre mon cœur », j’ai écrit à l’envers une histoire de zombies. J’adore écrire des nouvelles. J’en écris plein.
Avant qu’un livre ne soit publié, l’éditeur le relit puis renvoie le manuscrit annoté à l’auteur. Puis il est de nouveau envoyé à l’éditeur (une fois que l’auteur a apporté les modifications demandées), soumis à la correctrice avant d’être imprimé.
Questions 5 E : « Combien de temps vous faut-il pour écrire un livre ? »
Nathalie Le Gendre : -Cela dépend : entre 3 et 6 mois ou même parfois 2 ans. Il faut savoir qu’on ne touche de droits d’auteurs que deux ans après la publication d’un livre. Il ne faut pas faire ce métier si on veut bien gagner sa vie.
Questions 5 E : « Pouvez-vous nous décrire une de vos journées de travail ?
Nathalie Le Gendre : –Le matin, je relis mes notes avant de mettre au propre.
Je ne peux pas être distraite par la télévision car je n’en possède pas. On vit très bien sans, vous savez.
Questions 5 E : « Quels ont vos passions en dehors de l’écriture ?
Nathalie Le Gendre : –J’ai piloté une grosse moto sportive mais j’ai dû arrêter car je me la suis fait voler et suite à des problèmes de santé, je ne peux plus piloter.
J’aime beaucoup dessiner. J’ai toujours dessiné et j’ai appris à mon fils. J’aimerais faire une bande dessinée ou un album en partenariat avec lui. Il utilise les techniques numériques dans son travail.
Et non, ce n’est pas moi qui ai dessiné les couvertures de mes romans. Auparavant, je pouvais proposer des illustrateurs dont j’appréciais le travail. Aujourd’hui, les maisons d’édition font de moins en moins appel à eux et préfèrent utiliser des photos, ce qui revient beaucoup moins cher.
Ce n’est pas toujours très heureux.Par exemple, les plumes sur la couverture d’Imago sont bleues alors que dans mon histoire, elles sont blanches !
Commentaires
Aucun commentaire