Venue d’Eric Pessan au collège le 11 février dans le cadre du projet «Parcours lecture-écriture» proposé par le Conseil Général .
Classe concernée: 3 C, projet piloté par Madame Dague pour le collège.
Eric Pessan est venu s’installer au CDI où les élèves de la classe de 3C l’attendaient pour lui poser des questions. Ils ont étudié le roman «Plus haut que les oiseaux» publié chez L’Ecole des loisirs. Les élèves lui ont offert un carnet (sur lequel figure à chaque page un dessin accompagné d’une phrase à l’image de ce que l’on trouve sur le blog de l’auteur).
3C: «Combien de livres avez-vous publié jusqu’à présent?
Eric Pessan: -J’ai publié 35 livres en tout.
Illustration 1: lavenir.net
3C-Quand avez-vous commencé à écrire?
Eric Pessan: -Dès le CP, j’écrivais des petits textes. A votre âge, j’écrivais des nouvelles. A 18 ans , j’ai écrit un roman. Je l’ai envoyé à 3 éditeurs différents en me disant que si je n’étais pas publié, je n’écrirai plus jamais. Je n’ai pas été publié à ce moment-là mais j’ai quand même continué à écrire.
C’est en 2001 que mon premier manuscrit a été accepté . Le titre de ce livre est «L’effacement du monde».
A la publication de mon 3e roman, en 2004, j’ai arrêté de travailler pour me consacrer à l’écriture.
3C: – Quel était votre travail?
Eric Pessan: -J’animais des atelier d’écriture-ce que je continue à faire d’ailleurs-des rencontres littéraires. Aujourd’hui , je vis de ma plume . On me paie aussi pour faire des lectures, des conférences et animer des ateliers d’écriture.
J’ai été rédacteur en chef de la revue d’art et littérature«Éponyme.»
3C: -»Ecrivez-vous avec d’autres auteurs?
Eric Pessan: -J’ai travaillé avec Sylvain Caubère lors d’une écriture en duo . C’était comme un match de ping-pong par internet. (j’écrivais un texte, il me répondait par un autre texte comme une balle au rebond). Le texte final a été publié dans une revue et sur internet. (site Remue.net)
J’ai également réalisé un livre avec un photographe. L’histoire s’est construite au fur et à mesure de ce que m’inspiraient les photographies.
J’ai écrit en collaboration avec des plasticiens. :N, avec Mikaël Lafontan en 2012.
3C: -Avez-vous toujours voulu être écrivain?
Eric Pessan: -Petit, je voulais être chercheur , journaliste. Puis j’ai voulu devenir auteur mais en continuant une activité professionnelle en parallèle, je n’arrivais pas à avancer dans mon travail d’écriture.
J’ai pris 6 mois de congés sabbatiques en 2004: ils se sont prolongés comme vous le voyez.
3C: -Avez-vous toujours dessiné?
Eric Pessan: -Oui, j’ai toujours fait des dessins. Sur mon blog, les dessins représentent le quotidien d’un écrivain mais je n’ai aucune prétention en la matière.
Un dessin, une phrase peuvent parfois dire des choses profondes.»
Intervention inopinée des Brigades de lecture de la compagnie PAQla lune. Intervention théâtralisée devant des élèves ravis.
Lecture théâtralisée des auteurs intervenant dans le projet «Parcours lecture-écriture»
-»Le club des Inadaptés» de Martin Page
-»Le poète et le cow-boy» d’Anne Kawala
-»Si je suis de ce monde» d’Albane Gellée
-»Allo « de Sylvain Renard
3C: «Combien de temps mettez-vous à écrire un livre?
Eric Pessan: «Certains livres naissant très rapidement , d’autres très lentement.
J’ai mis 4 mois à écrire «Muette». (Albin Michel, 2013) et 2 mois à le corriger.
J’ai aussi composé des livres lors d’une semaine en résidence ce qui représente environ 12 heures d’écriture par jour. (situation idéale où on est libéré des contingences matérielles).
Certains projets mettent 8 ans à se concrétiser, sont abandonnés puis repris.
3C: «Vous inspirez-vous de la vie réelle ou des gens que vous connaissez pour écrire?
Eric Pessan: -Tout ce que j’écris est inventé. Cependant dans «Plus haut que les oiseaux» , la terrasse du roman existe réellement . Je travaillais dans une radio et lorsque l’émetteur tombait en panne et qu’on devait aller le réparer, la vue portait loin du haut de la tour de Bellevue à Saint-Herbalin, à côté de Nantes. J’ai greffé cet élément dans le roman.
3C: «Comment écrivez-vous?
Eric Pessan: -J’ai toujours sur moi des carnets de notes».
Lorsque j’ai écrit «Plus haut que les oiseaux», j’avais un atelier d’écriture le matin et un autre le soir le mardi à Châteauroux. J’ai écrit tous les mardis de cette période (3-4 mois ) pendant cet intervalle.
3C: «Qu’est-ce que vous aimez dans l’écriture?
Eric Pessan: -J’ai commencé à écrire parce que j’adore lire. Parvenir à réaliser une phrase que l’on trouve belle procure un réel plaisir.
Mais il n’y a pas que du plaisir à écrire car parfois c’est une souffrance. Deux mois de travail peuvent être mis à la poubelle (une cinquantaine de pages) parce que c’est très mauvais.
Une fois que l’histoire est terminée, je la relis et je la corrige.
J’imprime tout; je pose toutes les feuilles par terre. Je reconstruis. Je procède à des rajouts ici , à des allègements là.
Je ne fais jamais de plan car j’ai besoin de découvrir des choses en cours d’écriture.
3C: «Les titres, vous les trouvez au début ou à la fin?
Eric Pessan: -Plus haut que les oiseaux est un passage du texte qui me plaisait et je l’ai choisi comme titre.»Muette» était le nom de mon fichier informatique.
L’éditeur a accepté le titre de N qui raconte l’histoire d’un enfant perdu dans la forêt et qui marche avec une boussole. Le plus confortable c’est quand le titre vient au début.
3C: Quel est le livre que vous avez préféré écrire?
Eric Pessan: -N , L’écorce et la chair» où j’étais dans un état second d’écriture (j’étais en résidence donc je pouvais me consacrer qu’à l’écriture).
3C: «Faites-vous lire vos textes à votre entourage?
Eric Pessan: -Plus maintenant. Aujourd’hui, mon premier lecteur, c’est mon éditeur. Faire lire son texte à un copain n’est pas très efficace. Il te dit que c’est bien sinon vous vous engueulez.
3C: «Vous imposez-vous des contraintes d’écriture?
Eric Pessan: -J’ai écrit 200g à la manière de Twitter où l’on n’a le droit qu’à 140 signes. C’est un poème qui peut se lire de bas en haut et de haut en bas.
3C: «Les réseaux sociaux vous aident-ils à trouver des idées?
Eric Pessan: -Non, je n’ai pas besoin qu’on me donne des idées. Pour créer, je me sers des films que j’ai vus ou des livres que j’ai lus. Je lis environ cinq livres par semaine
3C: «Ecrivez-vous des suites à vos histoires?
Eric Pessan: -Je n’écris pas de suite à proprement parler mais mes histoires peuvent se répondre d’une manière ou d’une autre.»Muette» et «Incident de personne» (c’est le terme que l’on emploie lorsque quelqu’un se suicide en passant sous le train)
forment un écho . «Tout doit disparaître» parle d’une décharge à ciel ouvert dans un pays du tiers-monde où les gens s’entre-tuent pour récupérer des déchets et «Morts pendant les soldes» raconte un accident où une personne est piétinée lors de l’ouverture des soldes devant un grand magasin. Ces deux titres forment un dyptique.
3C: «Cela vous arrive-t-il d’en avoir marre d’écrire?
Eric Pessan: -Oui parfois j’en ai marre. Mais le désir d’écriture finit toujours par revenir. J’ai écrit des pièces de théâtre et j’en ai eu marre du théâtre puis j’ai vu récemment deux magnifiques spectacles. Cela m’a donnée envie de réécrire pour la scène.
J’écris des choses très variées, ce qui permet d’éviter l’ennui . J’écris pour la jeunesse et pour les adultes, j’écris des essais (œuvres de réflexion sur la littérature) et des romans. Je vais bientôt travailler au scénario d’une bande dessinée. J’ai fait des livres avec des photographes, des peintres.
3C: «Ecrivez-vous à l’ordinateur ou à la main?
Eric Pessan: -J’écris à l’ordinateur et je corrige à la main le texte imprimé.
J’étale les feuilles par terre et je peux mettre les chapitres dans l’ordre.
Marie-Noëlle Sargenton-callard: «Vous arrive-t-il que le lecteur comprenne autre chose que ce que vous y avez-mis?
Eric Pessan: -J’aime les fins ouvertes. Je pense que le livre appartient aux lecteurs.